Les couleurs du sol
Un des critères morphologiques des sols facilement accessible est sa couleur. Elle est appréciée aussi bien lors d’un sondage à la tarière que sur la paroi d’une fosse pédologique, en utilisant la Charte internationale des couleurs Munsell® (Munsell Soil Color Chart). Chaque couleur est identifiée par un code unique qui combine la teinte de base, la clarté et la saturation.
La couleur est un critère variable avec l’état d’humidité du sol. On la décrit classiquement à l’état humide ; un sol sec sera au préalable réhumidifié. Les couleurs sont relevées de préférence à l’ombre, ou avec le soleil dans le dos. On donne la ou les teinte(s) générale(s) de l’horizon ainsi que celle d’éventuelles taches.
Voyons à travers quelques exemples, ce que nous indiquent les couleurs du sol :
• NOIR
La couleur gris-noire est généralement associée à la présence de matières organiques dans le sol. On observe très souvent un gradient décroissant des teneurs en matières organiques le long des profils de sol en lien avec les apports de qui s’effectuent à la surface du sol (fumier, lisier, feuilles mortes, etc.). Dans des conditions bien spécifiques, on peut également observer, en profondeur, des horizons très riches en matière organique. C’est le cas des sols tourbeux dans lesquels la saturation permanente en eau du sol entraine une accumulation de matière organique.
• BLANC
Elle est caractéristique d’une accumulation de sels dans le sol et est utile pour détecter des sols carbonatés ou salés.
• COULEURS VIVES ASSOCIEES AU FER
Le fer est un des constituants déterminant dans la couleur des sols. Selon la forme sous laquelle il se trouve dans le sol, cet élément prend des couleurs contrastées et différentes. Ainsi, en présence d’oxygène dans le milieu, on trouve le fer sous sa forme oxydée, le fer ferrique Fe3+, qui forme des taches dont la palette de couleurs est assez large (du jaune-orangées au rouge-brun). Quand les êtres vivants du sol n’ont plus assez d’oxygène à disposition, il arrive qu’ils utilisent celui qui est fixé au fer. Ce dernier passe alors sous sa forme réduite, le fer ferreux Fe2+, et prend alors des teintes gris-vert.
L’observation de taches d’oxydation et/ou de réduction dans un sol nous donne des indications sur la présence d’engorgement en eau dans le sol. Lorsque le niveau de l’eau monte et qu’elle stagne dans un sol, l’oxygène se fait de plus en plus rare, le fer passe de son état oxydé à son état réduit. Il y a donc un changement de couleur du fer dans ce sol. De plus, sous forme réduite, le fer devient mobile et se redistribue dans les horizons. Dans ces contextes d’engorgement par l’eau, des éléments comme le manganèse peuvent se lier au fer et former des nodules ferro-manganiques qui sont de petits volumes généralement arrondis.
• COULEURS PALES
Elles traduisent des phénomènes d’appauvrissement du sol en certains éléments colorants tels que le fer ou les argiles. En effet, nous avons vu que sous forme réduite le fer devient mobile. Il peut alors migrer dans le profil et s’accumuler à un autre endroit (transport vertical, latéral). Des phénomènes de migration d’argile associée au fer peuvent également se produire, depuis des horizons « éluviaux », qui s’appauvrissent, vers des horizons « illuviaux », d’accumulation. Ce processus est appelé lessivage.
Des couleurs pâles s’observent également dans des sols qui se développent sur une roche pauvre en fer (ex. : des argiles blanches).
Les sols présentent donc une grande diversité de couleurs dont l’étude nous permet de formuler des hypothèses sur leur composition et leur fonctionnement. Certaines sont héritées de la roche mère (par exemple, le calcaire peut colorer le sol en blanc), d’autres résultent de mécanismes complexes qui se déroulent au cours de la vie du sol.
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